L'assassinat du roi
Le cadre historique du problème.
A l'assemblée constituante, le comité de constitution, le comité de constitution, dans sa séance du lundi 27 juillet 1789, déposa un rapport qui résumait le dépouillement des cahiers de doléances, expression unanime de la volonté de 8 millions d'électeurs. Voici ce résumé qui porte le titre bien significatif de
PRINCIPES AVOUES ET UNANIMEMENT RECONNUS :
Article premier- le gouvernement François est un gouvernement monarchique.
Article 2 - la personne du roi est inviolable et sacrée.
Article 3- la couronne est héréditaire de mâle en mâle.
Article 4- le roi est dépositaire du pouvoir exécutif.
Article 5 - les agents de l'autorité sont responsables.
Article 6- la sanction royale est nécessaire pour la promulgation des lois.
Article 7- la nation fait la loi avec la sanction royale.
Article 8 - le consentement national est nécessaire à l'emprunt et à l'impôt.
Article 9- l'impôt ne peut être accordé que d'une tenue d'états généraux à l'autre.
Article 10 - la propriété sera sacrée.
Article 11- la liberté individuelle sera sacrée.
Voilà les vrais principes de 1789 : il n'y en a pas d'autres.
Après trois années au cours desquelles la personne inviolable et sacrée du roi a été réduite à une étroite captivité ; Où, entre ses mains , le pouvoir exécutif a été restreint et paralysé ; Où la sanction royale nécessaire à la promulgation de la loi a été ramenée à un simple veto suspensif ; ou la propriété et la liberté individuelle, l'une et l'autre sacrées elles aussi, ont fait l'objet d'atteintes monstrueuses au préjudice des prêtres, des religieux, des nobles et des émigrés, une minorité infime de factieux et d’intrigants s’est emparée des pouvoirs publics.
Le 13 août 1792, la commune insurrectionnelle de Paris, formé par les émeutiers dans la nuit du 9 au 10 août, fait incarcérer dans la tour du temple Louis XVI, roi constitutionnel des français ( que, sous la pression des mêmes émeutiers, l'assemblée législative, réduite en fait par la peur à une seule minorité jacobine-moins d'un tiers des députés- viens de « suspendre », dans une totale illégalité et au mépris De la Constitution) ; La reine Marie-Antoinette, leur deux enfants et Madame Élisabeth, sœur du roi. Un document informel, intitulé « extrait du procès-verbal de l'Assemblée nationale » et conservé aux archives du Palais-Bourbon, stipule avec cynisme :
Le roi est suspendu, il reste en otage.
L'assemblée nommera les ministres.
On ne saurait dire plus clairement : la constitution est violée, la légalité mise en vacances.
Le signataire (parjure : lui aussi a prêté serment de fidélité « à la nation à la loi et au roi ») est Lecointe-Puyraveau, avocat, député des Deux-Sèvres et futur conventionnel régicide.
Les deux enfants royaux sont Madame Royal, Marie-Thérèse Charlotte de France alors âgé de 13 ans 7 mois et 25 jours, et son frère Louis Charles, nommé en famille sous le seul prénom usuel de Charles, né et baptisé à Versailles le 27 mars 1785, titré d'abord duc de Normandie, puis dauphin le 4 juin amitié de 1789 à la mort de son frère aîné le premier dauphin Louis Joseph Xavier François, enfin prince Royal lors de l'acceptation de la Constitution par le roi le 13 septembre 1791, âgé au moment de son incarcération de 7 ans 4 mois et 17 jours.
De façon tout aussi illégale et en violation formelle de la Constitution de 1791, une convention nationale de 749 députés et convoqué et tout aussi illégalement élu au début de septembre par moins de 10% des électeurs. Menacés, terrorisés (On les comprend : au même moment une tourbe de deux ou trois cents malfaiteurs souvent analphabètes perpètre les trop fameux massacres de septembre ; consacres sont payés par les comités permanents des sanctions qui au même signal les ont appelés au meurtre au viol et au pillage), neuf électeurs sur dix se terrent chez eux et ne vote pas.
Les massacreurs ont été payés : à titre d'exemple, un mandat de 48£. est ordonnancé en faveur de Gilbert Petit, Nicolas Guy, Michel Lepage et pierre-Henry Corsin, de la section des » sans-culottes », avec ce motif, dont le cynisme est inattendu dans un document officiel : « pour prix du temps qu'ils ont mis à l'expédition des prêtres de saint-Firmin pendant deux jours ».
On peut se reporter avec intérêt aux divers mémoires sur les journées de septembre écrits par divers contemporains qui faillir en être victimes, mémoire publié en 1823 dans la célèbre collection de mémoires relatifs à la Révolution française éditée par MM. Berville et Barrière et réédités en 1858 par Firmin Didot ; Lenôtre, plus tard, a également donné un certain nombre de textes analogues et forts instructifs. Hé Gustave Lebon a pu écrire, documents en main : on sait avec quel raffinement de cruauté une poignée de 150 bandits, payés 24 £. par jour, guidés par quelques membres de la commune, exterminèrent en quatre journées 1200 personnes …
Le maire de Paris, Pétion reçu avec égards la bande des assassins et leur fit verser à boire.
Quelques Girondins protestèrent un peu, mais les Jacobins restèrent silencieux. »
Autre illégalité : la commune de Paris a publié, dès la fin du mois d'août des listes d'électeurs auxquels elle dénie le droit de vote de leur tard et d'être ( comme l'immense majorité des français d'alors) royalistes !..
Beaucoup de documents de cette tragique époque ont été transcrits parfois sous forme de fac-simile, dans des ouvrages savants des deux premiers tiers du XIXe siècle : c'est une grande chance pour la science historique, car une autre commune de Paris aussi barbare, aussi ignorante que celle de 1792 à l’an II et d'origine insurrectionnelle comme la sienne, a anéanti, en mai 1871, dans les incendies criminels du palais de justice, de l'hôtel-de-ville, de la préfecture de police et des Tuileries une colossale masse d'archives, parmi lesquelles les anciens registres municipaux de Paris y compris ceux de la commune insurrectionnelle de la période révolutionnaire et, bien entendu, la double collection originale des registres de l'état-civil parisien, c'est à dire quelque chose comme plus de huit millions d'actes de l'état-civil échelonnés du XVI au XIX siècle et concernant l'histoire de centaines de milliers de familles parisiennes. La République, qui n'avait pas besoin de savants comme Lavoisier ou Bailly ni de poètes comme André Chénier n''avait doute pas non plus besoin d'archives pour transmettre ou descendant le souvenir des aïeux et surtout pour révéler aux générations futures le véritable visage de la révolution avec ses cruautés et ses infamies.
L'assassinat du roi
De l'assemblée illégal dans un tel climat psychologique et moral et dans de telles conditions juridiques (cette « convention » qui a aujourd'hui sa rue à Paris et dans d'autres villes et reçoit, sous la plume de journalistes ou d'auteurs de manuels tant d'adjectifs louangeur…) L'un des membres, l'un des plus avancés l'abbé Grégoire, écrira plus tard : " La convention contenait 200 ou 300 scélérats et se composait surtout de lâches". Lâche et scélérats sont les deux » sont les deux épithètes que les contemporains emploient le plus souvent pour parler des conventionnels. Un observateur Suisse, Jacques Mallet du Pan nomme la convention : » cette enceinte de scélérats impénétrables à tout sentiment, à tout honneur, à tout remords » et Madame Roland, femme du ministre de l'Intérieur (qui élu député à la convention, préféra garder son portefeuille ministériel plutôt que siéger à l'assemblée) : « une assemblée de lâches » et de « pygmées »(sic : on est bien loin des « géants imaginés par une certaine propagande !). Ernest-Renan écrira d’eux un jour : « les hommes ignorants et bornés qui prirent en mains la destinée de la France ».
Le 19 janvier 1793, la convention, a une majorité extrêmement faible( si tant est ce que ce fût une majorité) , dont le chiffre est contesté et qui de toute manière représente à peine 5% du corps électoral ( extrémistes et poltrons), vote la mort du roi et refuse la possibilité d'un appel au peuple en décrétant la peine de mort contre ce même qui simplement le préconiseraient.
Les pages suivantes reproduiront la « page de titre » de l'appel de Louis XVI à la nation contenant ses défenses moyens tant sur l'actualisation portée contre lui par la convention nationale que contre le décret de mort par elle prononcé le 17 janvier 1793.. ». Et aussi quelques pages d'un « appel au peuple Français… » que de courageux citoyens impriment et distribuent au péril de leur propre vie.
L'assemblée s'est érigée à la fois en jury d'accusation et en jury de jugement. Le suffrage régicide d'un cousin du roi, le duc d'Orléans, qui a renié son père, outragé la mémoire de sa mère et s’est rebaptisé « Philippe-égalité », a contribué à cet inique verdict, tout en soulevant une vague de répulsion et d'horreur dans l'assemblée et jusque dans les tribunes.
Car le vote de la convention a été acquis sous les vociférations des tribunes où se sont massés « sans-culottes » et « tricoteuses »-« sous les poignards et les canons de factieux » déclarent le 16 janvier 1793 Lanjuinais, député d’île et vilaine et l'un des très rares conventionnels à être honnête et courageux( Grégoire estimait qu'il n'y en avait pas plus d'une cinquantaine !..).
La convention s'est exprimée en plusieurs appels nominaux : le mardi 15 janvier, elle a déclaré « Louis capet »,ci-devant rois des français, coupable de conspiration contre la liberté et d'attentat contre la sûreté générale de l'état : de de la part de gens qui ont été les fomentateurs des insurrections parisiennes des 20 juin et 10 août précédents, on conviendra qu'une telle incrimination serait bouffonne si elle n'était pas tragique : c'est la classique histoire du voleur qui crie « au voleur ! ». Le même jour, l'assemblée a décrété que le jugement qui sera rendu ne sera pas soumis à la ratification du peuple : bel exemple de démocratie.
Par la troisième appel nominal, qui dure tout le mercredis 16, la nuit du 16 au 17 et le jeudi 17, la convention déclare que « Louis à encouru la peine de mort ». Le samedi 19 janvier, un quatrième appel nominal abouti à repousser tout sursis à l'exécution.